Le vomi d’Eric Schmidt

Dans un discours délivré hier devant une audience d’éditeurs de médias, le PDG de Google, Eric Schmidt, sort le grand art de la langue de bois et de l’hypocrisie.

Les paroles de Schmidt sont assez affligeantes sur certains points.
C’est assez déroutant de savoir qu’il est à la tête du plus gros pouvoir mondial.

Beurk les blogs !

Ce qui m’a le plus choqué concerne une petite remarque :

« And if you’re ever confused as to the value of newspaper editors, look at the blog world. That’s all you need to see. So we understand how fundamental tradition and the things you care about are. »

Ainsi, il faut comprendre que la valeur des éditeurs de journaux est d’autant plus grande que celle des blogs serait questionnable ?

Peut-être qu’il aurait dû regarder Ce Soir Ou Jamais du 7 avril pour comprendre comment les journalistes évoluent sur une planète qui n’est pas vraiment en phase avec la réalité du Web. Le nombre d’absurdités délivrées par les invités de Frédéric Taddéi était démentiel.  Ils sont tellement déconnectés de la réalité et seulement concernés par le pognon que ça ne laisse plus trop envie de plaindre leur entrée prochaine dans la catégorie des espèces en voie de disparition.

Aujourd’hui, il n’y a plus aucune différence entre les journalistes et les bloggeurs, mis à part la sacro sainte carte de presse.

Ceux qui pensent le contraire feraient mieux de rattraper le train en marche.

Mais revenons sur le discours du PDG de Google.

« We also understand that information can annoy governments and annoy people… »

Il sait de quoi il parle puisque c’est le même Eric Schmidt qui a fait taire une ancienne maîtresse et blacklisté CNET.

« You have more readers than ever; you have more sources than ever, for sure; you have more ways to report. And new forms of making money will develop. And they’re underway now…. So we have a business model problem. We don’t have a news problem »

Effectivement, Google News envoie quelque chose comme 100 000 visiteurs par minute vers les source d’information. Plutôt que taper sur le messager, les sites d’information devraient se poser la question de leur validité du modèle économique s’ils n’arrivent pas à convertir cette manne de trafic en revenu.

C’est bien sympa de la part de Schmidt de pointer du doigt le cœur du problème, mais c’est quand même Google qui a foutu un joyeux bordel pour commencer. Tout cela sans la moindre préoccupation déontologique par rapport au pillage du contenu d’autrui. Même problème pour le scan des livres et on peut même pousser le bouchon par rapport à la validité du cache des pages Web.

Google s’approprie les œuvres des autres sans demander l’autorisation. Au reste du monde de se mettre au pas du glouton s’adaptant (ou pas) aux évolutions.

Le discours de Schmidt pue la rhétorique pointant les éditeurs de news comme gardiens de la démocratie.

Il est évident qu’il ne va pas balancer leurs quatre vérités à un parterre de journalistes, mais il ne faudrait pas oublier sa position en tant que représentant du plus gros pouvoir dans le monde. Un peu plus de finesse et de bienséance serait bienvenue. Plus il sort la langue de bois et l’hypocrisie et moins ça nous donne envie d’avoir confiance en sa société.

Je propose une vidéo qui figure dans un ancien billet, mais elle suggère bien à qui nous avons affaire. Il faut suivre Eric Schmidt, lorsqu’il répond à la question : « comment je sais que Google enlève le contenu que je souhaite ? ». Sa réponse est sans équivoque « parce qu’on vous dit qu’on le fait », puis grand éclat de rire.
Sans parler du fait qu’il dit qu’on peut « effacer » une information déplaisante sur Google et c’est un énorme mensonge.

eric schmidt, le CEO de Google discute de la protection des données

Pourquoi tant de haine ?

A force, il y en a marre de balancer sur Google. Ça serait tellement plus confortant si on pouvait faire confiance aux moteurs de recherche et à ses dirigeants, mais lorsqu’on observe autant d’hypocrisie et de langue de bois, il est difficile de se sentir à l’aise.

Bref, continuons à jouer les hypocrites en face des plus gros hypocrites du Web. Il faut prendre ce que donne Google, mais il toujours garder du recul par rapport au moindre soupçon d’information comme par exemple le communiqué sur le signal de vitesse des sites Web incorporé dans l’algorithme.