Laurent Bourrelly

Les entrepreneurs qui gagnent avec l’IA sont des “bad boys »

On va poser les choses clairement.

Dans le game de l’IA aujourd’hui, il y a deux types d’entrepreneurs :

  • Les “gentils gars” : ils testent tous les outils, ils collectionnent les prompts, ils likent des threads sur X, ils sont “fascinés par le potentiel”.
  • Les “bad boys de l’IA” : ils n’ont pas le plus beau Notion, ils ne passent pas leurs journées à faire des screenshots de dashboards… mais ils produisent, ils facturent, ils prennent des parts de marché pendant que les autres “apprennent”.

Ceux qui gagnent ne sont pas forcément les plus techniques.
Ce sont ceux qui osent adopter une posture que beaucoup n’assument pas :
tranchée, polarisée, égoïste au bon endroit, obsédée par le réel.

On va parler de ces “bad boys”-là.
Pas des toxiques, pas des caricatures.

Des entrepreneurs qui ont compris que l’IA n’est pas un jouet, mais un levier nucléaire – et qu’il faut un certain profil pour le manier sans se cramer.

Voici les 7 traits que je vois, encore et encore, chez ceux qui explosent avec l’IA… pendant que les autres écrivent encore des posts LinkedIn sur “les 10 prompts à connaître en 2025”.

1. Ils sont brutalement authentiques (et tant pis si ça dérange)

Les entrepreneurs qui cartonnent avec l’IA ne jouent pas un rôle.
Ils ne se déguisent pas en “expert IA certifié” parce que c’est tendance.
Ils ne recopient pas le discours corporate à base de “IA éthique et responsable bla bla” pour se faire inviter en conf.
Ils :

  • Disent ce qu’ils pensent vraiment de la techno
  • Assument leur angle, leur marché, leurs limites
  • Refusent de faire plaisir à tout le monde

Résultat :
ils polarisent.
Et c’est très bien.

En IA, l’entrepreneur “chamallow” se fait laminer.
Tu ne peux pas construire une proposition claire si tu as peur de froisser qui que ce soit :

  • Une catégorie de clients
  • Un fournisseur
  • Un concurrent
  • Ou l’église des “attention à l’IA, c’est dangereux…”

Les bad boys de l’IA, eux, savent très bien pour qui ils construisent.
Et ils vivent avec le fait que certains ne les supporteront jamais.

Tu veux réussir avec l’IA ?
Arrête de lisser ton message.
Tu ne peux pas être compatible avec tous les cerveaux, surtout dans un monde où tout le monde hurle plus fort que toi.

2. Ils ont une confiance presque irraisonnable (mais éprouvée au crash test)

Les builders d’IA qui avancent vraiment ont un trait commun :
ils ont l’air, objectivement, trop confiants.

Ils lancent un produit “trop tôt”.
Ils annoncent un angle marché brutal.
Ils vont pitcher des clients où “ils n’ont rien à faire”.

Mais attention : ce n’est pas de la confiance TikTok.
Ce n’est pas du “fake it till you make it” répété devant un miroir.

C’est une confiance construite comme ça :

  • Ils testent vite
  • Ils se prennent des murs
  • Ils corrigent
  • Ils retestent

Et chaque micro-victoire renforce la conviction : “OK, je ne suis pas parfait, mais je suis capable d’apprendre plus vite que la moyenne.”

Pendant que le “gentil entrepreneur” attend d’être prêt,
de maîtriser tous les outils,
de suivre encore une formation en IA…
… le bad boy, lui, a déjà trois itérations dans la nature, des retours clients, et des choses concrètes sur lesquelles s’appuyer.

En IA, la confiance vient de la vélocité d’expérimentation, pas de ta capacité à bullshiter sur la “révolution en cours”.

3. Ils sont égoïstes avec leur temps, leurs neurones et leurs données

Les entrepreneurs qui gagnent avec l’IA ont un égoïsme très particulier :
ils protègent férocement ce qui compte.

Trois choses :

  • Leur temps
    • Peu de rendez-vous inutiles
    • Peu de “on pourrait brainstormer autour de…”
    • Peu de “viens parler IA dans mon live gratuit”
  • Leurs neurones
    • Pas de débat stérile sur “qui est le meilleur LLM”
    • Pas de drama Twitter sur “telle startup a levé X millions”
    • Pas de veille compulsive pour briller à l’apéro
  • Leurs données
    • Ils comprennent que le vrai game, c’est la donnée métier, les process, le contexte
    • Ils ne donnent pas tout gratuitement à des outils SaaS random
    • Ils construisent des fondations : RAG, knowledge base, exocortex métier

Le gentil entrepreneur “altruiste” se fait bouffer :

  • Il répond à tout le monde
  • il donne des heures de consulting déguisé
  • il met son cerveau en open bar
  • il nourrit gratuitement les modèles des autres

Le bad boy, lui, fait passer son système en priorité.
Pas par méchanceté.
Par lucidité.

Avec l’IA, l’actif le plus précieux, ce n’est pas ta gentillesse.
C’est ton capital cognitif : ce que tu sais, comment tu penses, comment tu structures.
Ne le dilue pas pour quelques “likes”.

4. Ils sont obscènement directs avec la réalité (surtout quand ça fait mal)

Les entrepreneurs IA qui gagnent ne supportent pas le flou.

Ils sont violents sur un point :
la réalité a toujours raison.

Ils ne se racontent pas d’histoires du genre :

  • “Les gens ne sont pas prêts”
  • “Mon produit est trop en avance sur son temps”
  • “C’est l’algo LinkedIn qui me bloque”

Ils vont voir :

  • Est-ce que quelqu’un paye ?
  • Est-ce que l’outil économise vraiment du temps ?
  • Est-ce que le client revient ?
  • Est-ce que l’utilisateur l’utilise sans qu’on tienne sa main ?

Si la réponse est non, ils coupent.
Pas dans 6 mois.
Pas “après avoir refait le branding”.
Maintenant.

Le gentil entrepreneur, lui, préfère se bercer :

  • “On est en phase bêta privée”
  • “On travaille encore le positionnement”
  • “On itère sur le produit” (alors qu’en vrai, personne ne le veut)

En IA, le meilleur “prompt” du monde, c’est la phrase : “Montre-moi la vérité, pas ce que j’ai envie de voir.”
Et la plupart ne supportent pas ce niveau de clarté.

5. Ils sont obsessionnels… mais pas sur les outils

Le pseudo-entrepreneur IA est passionné par… l’IA.

Il change de modèle toutes les semaines.
Il sait exactement ce qu’a annoncé OpenAI, Google, Anthropic.
Il peut te réciter la roadmap d’API par cœur.

Mais il ne connaît pas vraiment :

  • le métier de ses clients
  • leurs contraintes réelles
  • leurs peurs
  • leurs process internes

Le bad boy, lui, est obsédé par le problème.

Il va passer des heures à regarder un back-office pourri,
à disséquer un processus interne,
à comprendre pourquoi les commerciaux mentent dans le CRM,
à analyser les emails clients qui piquent.

Et ensuite seulement, il s’enferme avec l’IA pour :

  • prototyper
  • connecter
  • industrialiser

Les outils sont interchangeables.
Le problème ne l’est pas.

Les entrepreneurs qui gagnent avec l’IA ne sont pas “fans d’IA”.
Ils sont obsédés par une douleur bien réelle et utilisent l’IA comme couteau suisse pour la trancher.

6. Ils sont compétitifs, mais pas dans le théâtre social

Les bad boys de l’IA aiment la compétition.
Pas la version LinkedIn Awards.
La vraie.

Compétition avec :

  • La version d’eux-mêmes d’il y a 3 mois
  • La solution déjà en place chez le client
  • La flemme naturelle de l’utilisateur
  • La boîte d’en face qui shippe plus vite

La plupart des “gentils” évitent la confrontation :

  • ils ne comparent pas vraiment leurs résultats
  • ils n’osent pas benchmarker leur produit brutalement
  • ils n’osent pas demander au client pourquoi il n’achète pas

Les entrepreneurs qui gagnent, eux, veulent la vérité crue :

  • “Qu’est-ce que tu utilises aujourd’hui à ma place ?”
  • “Qu’est-ce qui ferait que tu me dégages demain ?”
  • “Qu’est-ce qui ferait que tu payes 3x plus ?”

Ils sont prêts à se faire mal…
pour devenir meilleurs.

En IA, tu ne te bats pas contre “les autres qui utilisent ChatGPT”.

Tu te bats contre :

  • L’existant,
  • L’inertie,
  • La méfiance,
  • Le bullshit ambiant.

Si tu n’as pas un minimum d’instinct prédateur pour ces sujets-là, tu n’es qu’un décor.

7. Ils exigent le respect (du marché, de la techno et d’eux-mêmes)

Dernier point :
les entrepreneurs qui réussissent avec l’IA ne quémandent pas.

Ils ne mendient pas :

  • l’attention de leurs prospects
  • la validation des “experts IA”
  • le like de leur audience

Ils posent un cadre :

  • Leur temps n’est pas gratuit
  • Leur expertise n’est pas gratuite
  • Leur techno n’est pas un gadget “pour voir”

Ça ne veut pas dire qu’ils sont arrogants.
Ils peuvent être très généreux en contenu, en pédagogie, en support.
Mais il y a une colonne vertébrale très simple : « Je sais ce que je vaux,
je sais ce que mon système vaut,
et je n’ai pas besoin que tu m’applaudisses pour continuer à avancer.”

Face à l’IA, ils gardent le même rapport :

  • Ils respectent la puissance des modèles
  • Ils ne les idolâtrent pas
  • Ils ne se soumettent pas à la machine

C’est eux qui décident :

  • De la stack,
  • Du cadre d’utilisation,
  • Des limites,
  • De ce qui est acceptable ou pas pour leur business.

Le “gentil” entrepreneur se met à genoux devant l’IA : « Fais-moi un business, un personal brand, une stratégie.”

Le bad boy lui dit : “Voici la vision, voici le terrain, voici les contraintes.
Tu bosses pour moi, pas l’inverse.”

Et ça change tout.

La partie que personne ne te dira : tu ne vas pas plaire à tout le monde (et c’est très bien)

Si tu intègres ces traits-là,
tu vas

  • Perdre des gens
  • Déranger des collègues
  • Fatiguer les diplomates
  • Être traité de “radical”, “arrogant”, “obsédé”

Très bien.
C’est le prix à payer pour sortir du troupeau IA qui répète les mêmes phrases :

  • “L’IA va changer le monde.”
  • “On en est encore au tout début.”
  • “Il faut se former, c’est important.”

Pendant que les perroquets réchauffent les mêmes citations,
les bad boys de l’IA :

  • Construisent des systèmes
  • Signent des contrats
  • Automatisent des flux
  • Créent de la valeur concrète

Tu n’as pas besoin de devenir un connard.
Tu n’as pas besoin de jouer au gourou.

Mais si tu veux vraiment réussir avec l’IA,
il va falloir accepter un truc simple :

  • Le “nice guy” sympathique, consensuel, qui veut que tout le monde l’aime…
finit spectateur de la révolution.
  • Le builder un peu trop direct,
un peu trop confiant,
un peu trop obsédé par le réel…
    … c’est lui qui écrit la suite.

À toi de choisir ton camp.