Google c’est quoi en fait ?

Blade-RunnerIl est assez singulier d’observer l’énorme différence de perception par rapport à Google, selon l’angle abordé.

Le public, les dirigeants de la société et la réalité économique voient Google dans des prismes qui ne sont pas identiques.

Chacun son Google

Du point de vue utilisateur, Google est un moteur de recherche.
La réalité économique de la société Google Inc., définit une régie publicitaire.
Du côté de Larry Page et Sergei Brin, c’est parti dans une stratosphère égomaniaque de maîtres du monde, transformant des récits de science fiction en réalité.

Par exemple, l’échec de Google + (il y en a encore dans la salle qui ne sont pas d’accord là dessus ?) est symptomatique du fait que le public ne peut pas percevoir Google autrement qu’un moteur de recherche. Tout comme Facebook restera à jamais un réseau social et Amazon se cantonne à être une boutique en ligne (pourtant c’est un autre monde lorsque je me connecte à ma console AWS).

Peu importe la pléthore de services et outils mis à la disposition des gens, je ne crois pas que Google puisse redéfinir son image.
Les délires actuels de Google X et maintenant de Google Y (le labo encore plus secret que le labo déjà super secret) ne changeront pas cette image. Construire un ascenseur pour aller dans l’espace ou castrer les moustiques pour éradiquer la malaria ne vont pas transformer l’image de Google auprès du grand public.
Par contre, l’évolution du search (Google Now étant le plus gros indice actuel) reste le terrain où Google peut continuer d’affirmer sa véritable domination.
Quand j’écoute l’interview TED de Larry Page, il ressort dès le début la baseline de Google : « organiser l’information du monde entier et la rendre disponible à tous le plus facilement possible ». Le problème est que Larry explique qu’il n’est pas sûr que c’est encore la mission de base.
C’est toujours un problème si le visionnaire a perdu son fil conducteur.

Et pourtant, la véritable identité de Google se cantonne à une régie publicitaire. C’est moins sexy du coup hein ?
Même au sein de l’entreprise, les vrais superstars sont ceux qui font bouffer les autres, grâce au succès d’Adwords et Adsense.
Je ne me lasse pas du tacle de Harry Shum sur Matt Cutts.
Matt Cutts explique qu’il a bossé 1 an chez Adwords lorsqu’il est entré chez Google et Harry Shum réplique que ça devait être trop dur, donc il a été muté au search.

Cette situation pose aussi un problème par rapport à notre métier de référenceur. Nous focalisons sur un truc dont les fondateurs de la boîte n’ont plus rien à foutre. Je ressors la citation de Larry Page que je tiens de source directe « ils me gavent tous avec Google Search, alors qu’ils ne captent pas que c’était mon diplôme ! »
L’objection n°1 à cette phrase se rapporte à l’idée que c’est pourtant Google Search qui l’a rendu riche. Sauf que mentalement, je ne connais personne qui puisse rester connecté à son projet de fin d’études d’il y a 20 ans, alors qu’il est assez gavé de tunes pour s’éclater à réaliser ses rêves les plus dingues.
Comme nous, Larry et Sergei ont adoré Matrix ou Blade Runner. La différence est qu’ils ont assez d’argent pour transformer la fiction en réalité. D’un côté, il est certain que ça finira avec une puce dans le cerveau pour finaliser d’augmenter l’humain à la Matrix et de fabriquer un robot Nexus, qui n’aura rien à voir avec un stupide téléphone mobile.

Pour en revenir à l’objection que j’entends à chaque fois que je raconte cette histoire, elle renforce la vision floue. Ce n’est pas le moteur de recherche qui a rendu riche ses fondateurs; c’est la régie publicitaire dont ils ne voulaient même pas entendre parler au début.

Tout bon SEO sait s’adapter aux évolutions. Il va falloir rapidement arrêter de focaliser sur Google, le moteur tel qu’on le connait; c’est un vieux bouzin des années 90 conçu pour le web via desktop.
Coup de bol, il n’y a pas besoin de focaliser sur le predictive search de Google Now ou les autres fantastiques évolutions à venir de la recherche d’information.
Nous sommes des communicants et des marketeux point barre.
Mon attitude est de se recentrer sur les fondamentaux du marketing, qui sont immuables depuis plus de 50 ans. Tout le reste ne sont que des vecteurs de visibilité avec leurs caractéristiques, mais la stratégie globale de communication et les techniques de persuasion ne changent pas.
Actuellement, je ressens un sentiment bizarre sur le rapport aux fondamentaux.
On dirait que les gens attendent encore la recette vaudou du SEO. Ils semblent déçus que ça ne soit magique.
Ben non les gars, désolé de vous décevoir, mais le référencement n’a clairement rien révolutionné. Il y a encore des petits trucs sympas, mais la majeure partie n’est pas aussi sexy que certains voudraient laisser penser. Nous sommes plus des maçons que des druides.

PS : la motivation pour publier ce billet est venue après une discussion post Tunis SEO (btw super mega top event) avec Hasni Khabeb (notre cher président SEO Camp), JB Moingt, Aurélien Bardon et Mounira Hamdi.

10 réflexions sur “Google c’est quoi en fait ?”

  1. Je vois Google comme une entreprise multi-facettes. Si j’ai bien compris, cela correspond à la vision des patrons.
    Après lecture de cet article, j’ai compris cette vision floue dont tu parles.
    C’est vrai que la pub est le coeur du système Google. Le moteur n’est qu’une vitrine, mais quelle vitrine!
    Je ne sais pas si cela correspond au débat, mais Twitter a aussi une belle vitrine sauf qu’ils n’ont pas modèle économique aussi étincelant que Google.

  2. « se recentrer sur les fondamentaux du marketing, qui sont immuables depuis plus de 50 ans » Voilà. Tout est là, pas la peine d’en dire plus.

    Bon, quand même, j’ai kiffé ton côté GG Hater #SoCute ((:

  3. En fait, nous avons eu ce débat 2 soirs de suite.

    Mais je crois que tu as oublié le premier, la faute au chardonnay 😀

    BTW, tu nous as donné d’autres infos très intéressantes qui ne sont pas dans ton billet alors merci 😉

  4. Celui qui n’a jamais reçu par courrier postal des codes promo de 50 € pour une inscription à Google Adwords lève le doigt ! 😀 Toujours plus, c’est ce que Google veut. C’est bien drôle de dénigrer Google mais sans lui, référenceurs, référenceuses, vous ne vivez pas ! 🙂 Google a su, au fil du temps, trouver un sens à son existence.

  5. Bonjour Laurent,

    Je souscris à peu près sans réserve à ton article. Lorsque tu dis « La véritable identité de Google se cantonne à une régie publicitaire », il est évident que c’est devenu leur core business depuis bien longtemps; TOUT le reste n’existe QUE pour servir cet objectif. On le déteste pour ça, et on l’admire pour ça, parce que sa stratégie marketing tient du génie.

    Quand on l’a comprise, ce qui paraît des projets fous à certains ne sont que des pièces qui s’emboîtent parfaitement à un immense puzzle mené à court, moyen et (parfois très) long terme. Quand on l’a comprise, on a aussi vu avant les autres le potentiel stratégique de la Google Car (par exemple) et on voit aussi que la ville Google n’est pas que le projet mégalo d’un milliardaire comme le relatent quelques articles, mais surtout le labo grandeur nature d’un génie qui a les moyens.

    Pas plus tard que ce week-end, je discutais de cela avec un total béotien. En partant de la vie privée, des données collectées, de la multiplication des moyens pour les collecter, comment il les interconnecte(ra), de ce qu’il en fait ou pourra en faire dans le futur, exemples à l’appui. A la fin de la conversation, cette personne m’a demandé « Ça va s’arrêter où ? ». Je lui ai répondu « A l’humain connecté par une puce électronique dans un premier temps. Puis par un autre moyen qui tiendra sans doute des neurosciences, et qui est encore à inventer ». Marrant donc de lire l’un des passages de ton article aujourd’hui ! 🙂

    Reste que ton article pose une question fondamentale. Si j’enchaîne ces quelques phrases…

    « Du point de vue utilisateur, Google est un moteur de recherche. » -> clairement !

    « Je ne crois pas que Google puisse redéfinir son image. » -> en tout cas, ça prendra du temps ! Et pourquoi le ferait-il ? Un service central est indispensable à sa stratégie : pourquoi pas le search ? Pourquoi dépenserait-il temps et moyens à défaire cette image pour positionner un autre service au centre ? Et surtout, quel autre centre est aussi « universel » du point de vue de l’utilité et de l’utilisation ?

    « L’évolution du search reste le terrain où Google peut continuer d’affirmer sa véritable domination. »

    – Larry Page : « Ils me gavent tous avec Google Search, alors qu’ils ne captent pas que c’était mon diplôme ! »

    – « Nous focalisons sur un truc dont les fondateurs de la boîte n’ont plus rien à foutre. »

    … je me dis que dans l’histoire, quelqu’un a un problème. Et je ne suis pas sûre que ce sont les référenceurs ! Du moins pas ceux qui ont compris qu’ils étaient avant tout des marketeux. Curieuse de voir comment Google va jeter les ponts qui lui permettront de crever la bulle de l’utilisateur. L’échec de G+ est une épine dans son pied. Mais pour le reste, il a bien commencé… sans que l’utilisateur n’en ait vraiment conscience.

    A nous de décrypter et de se préparer. 😉

  6. Personnellement, je ne pense pas que l’échec de Google+ soit dû au problème d’image que tu évoques, mais plutôt à une erreur (voire une totale absence) de stratégie marketing et à une gestion de projet catastrophique.
    Mais en même temps je te rejoins sur ce point. Car l’une des erreurs de base qu’ils ont commis a été de ne pas donner à ce réseau social une identité propre…

    Mis à part ça, je partage totalement ta vision de Google et du métier:
    « …Nous sommes des communicants et des marketeux point barre… » => Pas mieux.!

    Merci pour cet article, surtout que j’ai trouvé un peu de grain pour un billet en parcourant les commentaires… 😉

    @Stephane-Hypertexte.fr:
    Vous pensez vraiment que les référenceurs tirent leurs revenus d’AdWords… c’est trop mignon.

    @Carine:
    Vous devriez postuler au service RP de Google… ou redescendre de votre nuage, au choix.
    (no offense I’m just kidding 😉

  7. @Raise-Up

    Attends… je ne prends pas mal ta remarque du tout, mais je crois qu’on s’est mal compris, là. Je hais Google pour ce qu’il est, je hais Google pour ce qu’il fait. Je dis juste que sa stratégie marketing est géniale. En faut-il une autre preuve que celle-ci : qui, aujourd’hui, vit absolument sans Google ? A part peut-être les Nord-Coréens et quelques peuplades perdues au fond des forêts tropicales ? Ça n’a rien à voir avec un petit nuage, je pense. Ils tissent leur toile depuis des années et on est tous englués dedans.

    Mais le fond de mon intervention était de dire qu’en restant attentif à ce qu’on apprend par bribes (tests, recherches, rachats, inventions, délires) de Google, et en tentant de comprendre comment ça s’imbrique avec l’existant, on peut (un peu) anticiper ce qui nous attend en termes de supports et possibilités, et « se recentrer sur les fondamentaux du marketing » pour citer Laurent, un peu plus en connaissance de cause.

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